Dans cette série, mon travail consiste, entre autre, à perturber les espaces et le temps, en revisitant les thématiques religieuses. Les personnages, à quelques exceptions, sont tous situés dans un espace non identifiable, il n'existe aucun élément nous indiquant si l'on est dans un espace fermé ou ouvert, le seul indice étant ces bandes de couleur, lignes diagonales, qui simulent une illusion de parquet, jouant par moment le rôle de sol ou bien de mur.
En fusionnant avec le fond-parquet, librement inspiré des parquets du Louvre, les personnages (sous les traits de mes proches pour la plupart), rejouent l'histoire de l'art, et les titres invitent le regardeur à interpréter la toile autrement que ce qu'elle représente. C’est dans ce sens que le décalage est omniprésent dans mon travail.
Je peins essentiellement d’après des photos de la vie quotidienne, instants précaires d’un bonheur qui n’a absolument rien à voir avec les sujets religieux choisis, si ce n’est l’association que j’en fais.
Le décalage s’installe entre le « titre » choisi et « l’image » présentée.
Ce que vous regardez avant de connaître le titre n’est qu’une figure sur un fond, et pourtant une fois le titre associé, le profane devient sacré. Il y a donc un avant et un après. Un avant, lorsque nous étions vierge de toute connaissance devant l’image, et un après lorsque malgré nous, une connaissance (ici un titre) nous est imposée et nous oblige à réinterpréter l’image autrement. Ce décalage nous renvoie à la condition humaine de la Genèse ; une fois la connaissance dévoilée nous sommes définitivement chassés du Paradis.