« Souvenirs de Syrie et du Liban », 2014/2015


Le désir de travailler sur le Liban est venu pendant la guerre israélo-libanaise en été 2006. C’étaient les vacances d’été, période très agréable pour moi, et le contexte paradoxal entre les images de guerre diffusées sur toutes les chaines et ce que je vivais à ce moment là m’a déroutée, me plongeant  dans un sentiment de malaise et d’impuissance.

C’est ce qui a provoqué un flash-back des vacances d’été passées enfant à Beyrouth et à Alep ; là où mes parents sont nés et ont grandi. J’ai commencé à archiver des images sur cette crise, avec l’envie un jour de travailler dessus. Mais rien ne venait. C’est seulement 8 ans après, en 2014, que j’ai trouvé la manière dont j’allais traduire plastiquement ce que je ressentais.

Je me suis inspirée de la technique de la miniature persane afin de mettre en page la guerre et la manière dont je l’ai vécue à savoir : une scène narrative avec des aplats de couleurs (inspirée de photos de famille : évènements heureux) entourée par une marge ornementale à l’encre noire (tirée de scènes de guerre).

Par cette disposition plastique et graphique, je veux traduire les souvenirs emprunt d’ambiguïté de mes vacances passées dans un pays en conflit. Dans un décor de guerre (je suis toujours capable d’entendre le sifflement des obus passant au-dessus de nos têtes), nous passions des vacances de rêve pour l’enfant que j’étais : soleil, coca, plage, fête.

La guerre reste dans mon souvenir à la marge, n’altérant en rien la narration heureuse. Elle devient juste un élément décoratif mettant en exergue son caractère - pour l’enfant que j’étais - inoffensif.

Subterfuge Oh combien illusoire pour supporter mon sentiment d’impuissance face à la réalité de la guerre.

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